LA VILLE
La ville
La ville…, que dire de la ville ? Je parle de la grande ville, la mégapole. Sans doute vue d’en haut semble-t-elle une pustule à la surface de la planète, à un cancer avec ses métastases. Elle est le lieu de toutes les envies, de toutes les tentations, de toutes les dérisions, de toutes les rivalités et de toutes les frictions.
Habiter en ville dans les loges de béton, serré dans une promiscuité incompressible, c’est perdre son identité humaine, le « Blob » absorbe tout dans sa masse titanesque et indifférenciée, le mélange des cultures n’y est pas une culture. On a essayé de mélanger les langues pour en faire une langue commune l’espéranto, fiasco. Alors qu’espérer d’un mélange d’idéologies ? Sinon l’écartèlement de l’individu et la mort de toute idéologie.
Bien sur, il y a en ville quelques places vertes où les arbres, s’ils avaient des yeux auraient le regard aussi triste que les oiseaux mazoutés de Bretagne. Bien sur, il y a en ville des facilités de vie, des médecins, des pharmacies, des loisirs tels que cinémas, centres sportifs, médiathèques ou autres, des boutiques et échoppes de toutes sortes, super et hypermarchés où l’on peut trouver tout et surtout tout ce dont on n’a pas besoin. On a en ville tout sous la main pas besoin de courir. Pourquoi donc les citadins courent-ils tout le temps alors? Jamais je ne supporterais la frénésie de la ville et sa fièvre acheteuse provoquée par ces placards publicitaires à la fois hideux et racoleurs.
Que dire ensuite des bruits de la ville ? Avez-vous déjà entendu le cri du klaxon en rut ? Nos oreilles y sont agressées par un vacarme étourdissant. Nous ne percevons plus que le hoquet d’une machine emballée.
Et à moins d’être aveugle, que penser des ses couleurs qui passent des grisailles les plus ternes aux peinturlurages criards, qu’on ose ranger sous la bannière de l’Art, qui agressent la vue et le bon sens, et qui n’expriment d’ailleurs dans le meilleur des cas que le mauvais goût de leurs auteurs, sinon leur haine et leur mal vivre.
La ville a fait évoluer l’homo sapiens vers l’homo morphalus, je constate chez certains citadins une évolution darwinienne tendant à transformer les bras en poignées et la tête en couvercle, l’avènement de l’homo poubellus est proche, syndrome d’un consumérisme effarant, ne voyant dans l’humanité que le déversoir des productions inutiles des trusts internationaux.
La ville n’est qu’un isoloir collectif, où les gens apprennent à ne pas se connaître, à ne pas s’aimer, à ne pas s’aider, à ne pas s’estimer et à se méfier de tous, en un mot à ne plus être humain.
J’échangerai tous les parpaings d’une ville contre quelques planches qui me serait cabane au bout d’un champ. Gaïa sait récompenser et réconforter ceux qui sont restés proches d’elle et j’ai l’intime conviction que pour que la joie demeure, la campagne de Giono reste la meilleure demeure. Car la ville heureuse est Utopia et toutes les utopies se sont effondrées sur elles-mêmes.